Quelle mouche le pique, le Green? Envie de pousser un coup de g… à la lecture de plusieurs articles sur le net (ils se repassent les explications désastreuses, ce n’est pas possible). Car comment est-il possible de s’exprimer aussi mal quand on fait profession de s’exprimer ?!
Contexte ? Sony vient juste de présenter son Alpha 77 II. Alors j’ai baguenaudé ici et là. Et je suis tombé, en lisant une présentation du boitier, sur quelque chose (mais il y en a beaucoup d’autres, des choses comme ça) qui m’a fait tiquer (restons sobre).
En suivant les liens proposés, j’ai retrouvé la même ineptie, et encore, et à nouveau, grâce à l’entremise de Madame Gogol. Et je ne m’étonne plus que des débutants en photographie se sentent perdus après cela.
Je cite lesnu….com :
« Vous avez aimé l'ancien autofocus à 19 points dont 11 en croix ? Vous allez adorer le nouveau module à 79 points dont 15 en croix, le central étant de type f/2.8. En comparaison, le Canon EOS 70D, au sommet de notre guide d'achat depuis sa sortie, compte 19 collimateurs, tous en croix, le central étant également de type f/2.8. Le Nikon D7100 compte quant à lui 51 collimateurs, 15 en croix et aucun f/2.8. Il se rattrape sur la sensibilité, qui démarre à EV -2, comme l'Alpha 77 II, là où le Canon s'arrête à EV -0,5. Pour rappel, EV 0 correspondant à la quantité de lumière reçue en 1 seconde d'exposition, à f/1 et 100 ISO, EV -2 correspond à la quantité reçue en 4 secondes d'exposition, à f/1 et 100 ISO. » (c’est moi qui souligne)
Ou encore, par exemple, lint….com :
« Le référent de zéro EV définit la quantité de lumière reçue à une ouverture de f/1, à un temps d'exposition de 1s, à 100 ISO. A chaque fois que l'on divise par deux la quantité de lumière reçue (en fermant le diaph ou en augmentant la vitesse), la valeur de EV augmente de 1. »Qu’est-ce qui cloche ? Trois fois rien… Sauf que c’est incompréhensible.
Disons que je suis sur une plage de Floride à midi en plein été.
Le cagnard cogne tout ce qu’il sait. Et comme je suis débutant et que je ne comprends pas encore grand-chose, j’essaie EV -2 histoire de voir (
"la quantité reçue en 4 secondes d'exposition, à f/1 et 100 ISO").
Image totalement et irrémédiablement hyper cramée (genre : il y a désormais un trou dans le capteur
). Pfiuuu, c’est lumineux, dites donc, EV -2 !! Quand tu as reçu ça, plus besoin de lampe de poche... Bon, on va essayer moins (ou est-ce plus ? je m’embrouille un peu, hein, mais quand le plus sombre se fait moins lumineux, on s'y perd forcément
) : une fois rentré à l’intérieur de mon bungalow, je règle EV 0 (la quantité de lumière reçue non pas dans la poire mais en 1 seconde d'exposition, à f/1 et 100 ISO). Résultat : blanc fourmillant...
(ou est-ce une sorte de rémanence rétinienne après la première tentative ?), mais il me semble un poil mieux qu’avant (si ma rétine n’est pas foutue
). Disons… un micro chouille plus uniformément gris méga super clair. A part ça ? Les deux paraissent bien pour faire du super extra low-key.
Quoi d’autre ? Ben, y a pas : EV 0 est quand même nettement plus sombre que EV – 2.
(Même si c’est l’inverse de la réalité, je viens d’en faire la preuve !) Et je suis bien parti pour comprendre les autres notions de photographie et des articles comme ceux que j’ai évoqués précédemment… (je plaisante, mais à peine).
Ou serait-ce qu’on m’a mal expliqué ?
C’est quoi, EV 0 ? (Le réglage correspondant à)
une situation de lumière (c’est-à-dire une scène photographique éclairée de façon)
telle qu’une exposition correcte (telle que définie par le posemètre calibré de mon appareil – pour faire du joli gris moyen à 18%, comme il se doit)
va nécessiter 1 seconde d'exposition (c’est assez long)
à f/1 (c’est ouvert de chez ouvert)
et ISO 100. C’est-à-dire une situation tout de même assez sombre. Quant à EV -2, une situation qui nécessite une expo de 4 secondes à f/1 et ISO 100, c’est celle d’un extérieur nocturne éclairé seulement par la pleine lune (officiel !). Et ce n’est bien sûr pas du tout la même chose que
« la quantité de lumière reçue en 1 seconde d'exposition, à f/1 et 100 ISO » ou
« la quantité de lumière reçue en 4 secondes d'exposition, à f/1 et 100 ISO ». Pour fixer les idées, ma scène floridienne du début, c’était EV 15 ou 16, lorsqu’au péril de ma vie, j’ai donné du EV -2 à mon CMOS (aïe !) – se souvenir que ça multiplie (ou divise) par 2 à chaque fois, et que donc EV 15 est 262 144 fois plus lumineux que EV -2 (18 IL d’écart) ! –
Parler de lumière
reçue n’a aucun sens ici.
Il est sûr que dans la situation de lumière à laquelle je viens de faire référence (celle où la scène à photographier nécessite 1 seconde d'exposition, à f/1 et ISO 100), c’est bien la lumière que recevra la surface sensible de mon appareil
si je le règle correctement. Mais c’est uniquement parce que cela convient en l’occurrence. Si j’avais réglé le bouzin sur 4 secondes au lieu d’une seconde, le capteur aurait reçu EV -2 (le réglage), c'est-à-dire +2 EV (le résultat) (comment ça, vous êtes perdus ??), soit 4 fois plus de lumière qu’avant, et 4 fois trop. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas là une situation de lumière correspondant à EV -2, mais seulement à EV 0. Et que j’ai donné ce qui aurait correspondu à EV -2, de sorte que mon capteur a reçu 2 IL (correspondant à 2 EV) de trop, de quoi surexposer largement la photo.
Parler de lumière reçue a d’autant moins de sens que, si, à EV 0, je donne 1 seconde d'exposition à f/1 et ISO 100, et, à EV -2, 4 secondes d'exposition à f/1 et toujours ISO 100,
les deux
quantités de lumière reçue seront… équivalentes ! (puisque la scène de la première situation est exactement 4 fois plus lumineuse que celle de la seconde). J’aurai certes ouvert quatre fois plus longtemps dans le second cas, mais parce que mon sujet à photographier était quatre fois plus sombre.
Bien sûr, les anglo-saxons parlent de LV (Light Value) pour désigner la valeur de luminance du sujet, et désignent par EV (Exposure Value) les réglages correspondants de l’appareil photo. Mais si chaque valeur d’exposition (EV) représente bien une (ou plusieurs) des nombreuses combinaisons de réglage (ouverture de diaphragme et temps d’exposition) de l’appareil, c’est
à condition bien sûr que l’opérateur prenne soin à chaque fois d’adapter le réglage de son appareil à la situation de lumière face à laquelle il se trouve. C'est-à dire:
à exposition constante ! Ainsi par exemple, 1/250 à f/8, c’est EV 14, de même que 1/125 à f/11.
1/125 à f/8 (toujours pour ISO 100), c’est un stop de plus, donc une situation correspondant à EV 13, et 1/250 à f/11, un stop de moins, soit EV 15. C'est donc l'inverse du contraire de l'opposé (nan, je rigole).
Dans l’absolu, sauf à vouloir tout embrouiller, il n’y a pas de sens à parler de
quantité de lumière reçue. Sinon écrire
« A chaque fois que l'on divise par deux la quantité de lumière reçue (en fermant le diaph ou en augmentant la vitesse), la valeur de EV augmente de 1 » donne à comprendre que moins on expose, plus ce sera lumineux… (sur la photo), soit le contraire de ce que l’on veut dire : à situation deux fois plus lumineuse, exposition à réduire de moitié).
Je suis sévère? Je suis un râleur? Mais comment font les non initiés pour comprendre ??